Variations acousmatiques

L'intégrale

Variations acousmatiques [2011] 14'26 - Denis Dufour

  • Réalisation sur ordinateur au studio du compositeur à Paris 19e

  • Prises de son : Denis Dufour

  • Remerciements à Thomas Brando et Hamish Hossain.

  • Création à Tokyo le 18 février 2012, Espace Images de l'Institut franco-japonais, lors du festival CCMC 2012 par Yuki Otsuka sur acousmonium ACSM116.

On peut dire que ces Variations représentent une forme inédite dans le répertoire des musiques acousmatiques : car il s'agit là d'un véritable “thème et variations” au sens classique du terme. Jusqu'ici on avait pu goûter aux jeux variés sur un corps sonore comme les grincements de porte de Pierre Henry, les bocaux de verre de Denis Dufour, les messages téléphoniques de Michèle Bokanowski...

Dans leurs “variations” (qu'elles soient nommées en tant que telles ou non), les compositeurs s'étaient aussi essayés à la multiplication des espaces, des morphologies, des timbres, aux multiples possibilités des logiciels et des machines. Ils avaient exploré en tous sens leur sujet en déclinant les points de vue, les récits, les ambiances.

Ici, tout commence par un thème chantourné, ondoyant, baroque, une phrase de 66 secondes constituée de sons aisément mémorisables, bien caractéristique du style “morphologique” de Denis Dufour. Ainsi, à l'écoute, les sons (dont certains font d'évidents clins d'œil au répertoire instrumental) restent repérables, même transformés.

Si Michel Chion écrit dans L'Art des sons fixés que « pour le compositeur de sons fixés, chaque son né d'un autre doit être un nouveau son qui fait oublier le stade précédent, et ainsi de suite jusqu'au son terminal, le seul qui compte », ces Variations démontrent qu'il est possible de développer une grande liberté de créer dans un cadre stylistique permettant à l'auditeur de se référer sans effort à la formule initiale. La force de l'écriture, la cohérence des explorations, une sorte de volonté à la fois libre et insistante organisent un jeu dont le matériel d'origine, toujours reconnaissable, se prête à des transformations limitées (transpositions, variations de vitesse, de dynamique, filtrages, réverbérations, montage et mixage) qui n'en sont que plus expressives. Ainsi, dans le développement, la référence à ce qui précède n'est jamais perdue.

Voilà onze variations sur un thème acousmatique dont la suite, enchaînée avec rigueur, use de procédés directement empruntés au genre instrumental : mouvement rétrograde, miroir, modulation, segmentation, augmentation et diminution, variations sur un motif partiel...

[Jérôme Nylon]